
Microplastiques, PFAS, résidus de médicaments… L’eau potable est loin d’être pure. Découvrez pourquoi il est si complexe de détecter tous les contaminants, même dans l’eau « légalement conforme ».
Une question de santé publique et de responsabilité sociétale
À l’heure où la transparence et la prévention sont au cœur des attentes sociétales, la qualité de l’eau potable fait l’objet d’une attention croissante. Pourtant, peu de consommateurs — et d’entreprises — réalisent à quel point il est difficile de détecter la totalité des contaminants présents dans l’eau, qu’elle soit du robinet ou en bouteille.
Des milliers de substances en circulation… mais peu surveillées
Selon l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire), plus de 100 000 substances chimiques sont susceptibles de se retrouver dans l’environnement, dont plusieurs centaines dans l’eau potable.
Pourtant, en France, l’eau du robinet est contrôlée sur seulement :
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70 paramètres obligatoires selon le Code de la santé publique (Ministère de la Santé, 2023).
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Dont quelques dizaines réellement suivis par les ARS (Agences Régionales de Santé).
En bouteille, les seuils sont définis par l’EFSA et la directive européenne 2020/2184, mais restent similaires en termes de portée limitée.
Des contaminants émergents, mal compris et difficiles à tracer
1. Les PFAS : les « polluants éternels »
Les PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées) sont utilisés dans des produits du quotidien (textiles, emballages, mousses anti-incendie…). Ils sont aujourd’hui :
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détectés dans plus de 90 % des eaux analysées en France (Le Monde & Vert de Rage, 2023),
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soupçonnés d’être cancérigènes et perturbateurs endocriniens,
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extrêmement persistants : ils ne se dégradent pas naturellement.
2. Les microplastiques : invisibles mais omniprésents
Une étude de Orb Media (2018) a révélé la présence de microplastiques dans 93 % des échantillons d’eau en bouteille testés dans le monde. Ces particules :
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ne sont pas encore réglementées,
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peuvent entraîner des inflammations ou perturber le microbiote.
3. Les résidus de médicaments et pesticides
Selon un rapport de l’IFEN, on retrouve régulièrement dans les eaux superficielles :
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du paracétamol, de l’ibuprofène, des hormones de synthèse,
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ainsi que des pesticides agricoles (glyphosate, atrazine…).
Ces substances sont présentes en quantités infimes, mais leur effet cumulatif est encore mal connu.
Des limites technologiques et économiques
1. Des techniques coûteuses
La détection de certains composés nécessite des appareils de spectrométrie de masse haute résolution (LC-MS/MS, GC-MS), hors de portée de la majorité des collectivités ou entreprises.
2. Pas d’analyse universelle
Il n’existe pas de test unique permettant de détecter tous les contaminants à la fois.
Chaque substance nécessite une méthode d’analyse spécifique, souvent longue, coûteuse et non systématique.
Eau « potable » ne veut pas dire « pure »
Il est essentiel de rappeler que :
Une eau « légalement conforme » peut contenir des contaminants non réglementés, non testés ou non détectés.
Cela vaut pour :
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l’eau du robinet, soumise à des contrôles réglementaires mais partiels,
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l’eau en bouteille, plus stable mais pas exempte de polluants.
Que faire en entreprise ? Une réponse RSE indispensable
Face à ces incertitudes, les entreprises ont un rôle clé à jouer dans leur politique RSE :
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🚱 Limiter les bouteilles plastiques (souvent contaminées par migration de composés chimiques),
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💧 Installer des systèmes de filtration avancée ou des générateurs d’eau atmosphérique,
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📊 Analyser régulièrement l’eau fournie sur site (en fontaines ou réseaux internes),
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👥 Informer les collaborateurs sur la qualité réelle de l’eau disponible.
👉 Découvrez notre arctile sur les Enjeux RSE et l’eau potable
En résumé
Problème | Conséquence |
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Trop de substances en circulation | Impossible de tout surveiller en continu |
Limites techniques et coûts élevés | Détection partielle, voire absente pour certains polluants |
Manque de réglementation globale | Légalité ≠ absence de risque |
Contaminants persistants (PFAS…) | Effets à long terme encore mal mesurés |
- ANSES – Eau potable : quels risques ?
👉 https://www.anses.fr/fr/content/l-eau-du-robinet - Le Monde – Les PFAS dans l’eau du robinet : une contamination omniprésente en France (2023)
👉 https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/10/17/les-pfas-dans-l-eau-du-robinet-une-contamination-omnipresente-en-france_6194504_3244.html - Orb Media – Microplastics found in 93% of bottled water tested
👉 https://orbmedia.org/stories/Invisibles-Plastics/ - Ministère de la Santé – Réglementation de l’eau potable en France
👉 https://solidarites-sante.gouv.fr/sante-et-environnement/eaux/eau-potable/ - Directive (UE) 2020/2184 sur la qualité de l’eau destinée à la consommation humaine
👉 https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=CELEX%3A32020L2184 - IFEN (Institut Français de l’Environnement) – Données sur les résidus médicamenteux et pesticides dans les eaux
👉 https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/ (accès aux publications via recherche : « eau résidus ifen »)